« Dans la Colchide lunaire (…). C'est Médée qui officie et célèbre le rite, muette, intensément concentrée, ravie, sûre d'elle et de sa religion, etc. C'est un mythe solaire. »
« La
lune est liée aux cornes des vaches et à la fécondité. Elle est
liée au serpent. Elle est liée à la spirale. Elle est surtout liée
aux eaux. Dans son ensemble, ce complexe « solidaire » représente
à son tour une unité de la fécondation et de la mort. Médée sait
tout cela. Et inspirée et presque fanatique,
elle administre le rite. »
« Le
soleil se couche, voici son disque qui descend... vers le royaume des
morts... Médée ouvre ses yeux immenses, ses yeux de sainte. Elle se
relève, elle regarde autour d'elle. Mais la musique qui toujours
l'accompagne, qui semble émaner d'elle, ne retentit pas de nouveau.
Tout demeure muet, isolé, indéchiffrable. Médée se déplace, en
observant les choses environnantes, qui avaient pour elle une
signification si grande, si profonde, si vitale. Elles ne répondent
plus à son regard. Elles sont comme retombées soudain dans
l'insignifiant : ce sont des choses mortes. »
« Désespérément,
Médée rôde parmi les choses. (…) L'effroi de Médée est
terrible : dans ce
silence, dans ce vide naturel de la réalité qui semble montrer son
indéchiffrable visage, elle se sent devenir folle. Voici pourtant
que soudain, un étrange sourire éclaire Médée : mais un sourire
défait, presque désagréable. Que se passe-t-il dans cette âme ?
Elle se recueille en silence, souriant toujours comme pour elle-même,
avec ce sourire, comme une plaie, qui coupe son visage en deux. »